La Bible hébraïque traditionnelle comporte 39 Livres (Ancien Testament), auxquels les diverses traditions chrétiennes ont ajouté environ 37 autres, constituant le Nouveau Testament. L’ensemble de ces 76 Livres représente plus de 1500 pages imprimées dans une édition ordinaire. Une telle masse de textes, écrits entre le 9ème siècle avant et le 2ème siècle après J.-C., et relatant pour certains des événements mythiques ou réels remontant à plus de 4000 ans de l’histoire mouvementée du peuple hébreu, n’est pas d’une lecture aisée, malgré de nombreuses traductions de qualité.
La Bible est toutefois considérée, aussi bien par les juifs que par les chrétiens, comme Le Livre par excellence, écrit par diverses communautés ou auteurs, mais « inspiré » par Dieu lui-même, et dont l’enseignement religieux est de portée universelle.
Parmi les Livres de l’Ancien Testament, quelques-uns ont un caractère « historique » (selon les critères de l’époque), d’autres ont des contenus législatifs ou rituels, certains recueillent les paroles des Prophètes, d’autres sont à visée purement spirituelle, etc.
Il est aussi possible d’y repérer quelques récits autonomes de caractère plus « littéraire », considérés alors un peu comme des « Contes orientaux », qui relatent uniquement une histoire, chargée de sens divers, certes, mais qui se lit alors avec facilité et plaisir. C’est le parti retenu pour la présentation de ces « Dix Contes bibliques choisis », placés dans l’ordre chronologique de l’Histoire d’Israël, depuis les temps des Patriarches, puis des Juges, des Rois et des Exils, jusqu’à celui des derniers Prophètes.
Quelques-unes de ces histoires se déroulent sur un ou plusieurs chapitres au sein de Livres plus vastes : Genèse, Juges, Samuel, Daniel. D’autres constituent au contraire un Livre complet : Ruth, Tobie, Judith, Esther.
Il est à remarquer que plusieurs de ces récits, bien qu’issus d’une société fortement patriarcale, ont une femme comme héroïne principale, mettant particulièrement en valeur certaines de leurs qualités : la fidélité chez Ruth, le sacrifice et la ruse chez Judith, l’intelligence chez Esther, et l’honnêteté chez Suzanne. Toutefois il n’échappera pas au lecteur contemporain que les mœurs qui y sont décrites sont fort éloignées des nôtres, car la loi du talion « Œil pour œil, dent pour dent » y est la règle courante, particulièrement en matière guerrière. Mais, peu à peu, la Justice humaine, s’appuyant sur de nouvelles aspirations, remplacera la loi du plus puissant, ainsi qu’il apparaît dans l’histoire édifiante de la chaste Suzanne, le dernier récit choisi.
La sélection opérée peut paraître subjective, par rapport à l’ensemble des textes bibliques. En réalité, le nombre de « Contes », assez courts centrés sur la vie d’un personnage est limité. Certaines figures secondaires ne sont parfois évoquées qu’en quelques versets, ou au contraire, d’autres, plus célèbres, comme Abraham ou Moïse, par exemple, sont trop amplement développés pour figurer dans une anthologie.
Du point de vue de la présentation matérielle de ces textes, ils ont été allégés de toute la numérotation traditionnelle par chapitres (signalés uniquement par trois *) et par versets qui figure dans les éditions courantes de la Bible. A la place des appels de notes, quelques explications succinctes, indispensables à la compréhension, sont glissées sous forme de [grisé]. Afin de rendre la lecture encore plus vivante, tous les dialogues ont été présentés en italique, sous forme d’alinéas séparés. Chaque « Conte » est également précédé d’une très courte introduction, soulignant ses traits principaux. Pour le reste, aucune modification de fond ni de forme n’a été apportée par rapport au texte de référence de la Bible de Jérusalem.
Enfin, les bois gravés de Gustave Doré, extraits d’une édition illustrée de la Bible parue en 1866, apportent une vision artistique post-romantique à certains épisodes célèbres de ces Contes.