MA VOIX INHUMAINE                                   

texte lu par la voix synthétique de "Guillemette" du logiciel "Kali"  :

Je suis en train de faire quelque chose que je n’ai encore jamais osé faire.

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Je suis en train de m’enregistrer sur un magnétophone, avec ma pauvre voix cassée.

J’en ai tellement honte que d’habitude je parle le moins possible devant les autres.

Il m’est arrivé, parfois, étant toute seule, dans un moment de déprime, de me mettre à parler à haute voix.

Mais je m’arrêtais bien vite, car je ne peux pas me supporter bien longtemps.

Cette fois-ci, c’est différent.

J’ai décidé de parler au moins pendant toute la durée de la bande d’enregistrement qui vient de commencer.

Je voudrais essayer, pendant tout ce temps-là, de me dire à moi-même, avec une grande franchise, tout ce que je ressens à propos de ma propre voix, et qui me fait tant souffrir.

En effet, une fois l’enregistrement achevé, j’aurai le courage de m’écouter parler, dans ce que j’ai de plus intime, et de m’entendre exactement comme les autres peuvent m’entendre quand je parle.

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« »

C’est l’un de mes amis anonymes de S O S Amitié – une association d’écoute téléphonique que j’appelle assez souvent en ce moment -  qui m’en a habilement suggéré l’idée, il y a quelques jours.

Je lui parlais à nouveau de ma voix, que je trouve insupportable, et des circonstances qui m’ont handicapée à vie de ce côté-là.

Dans la conversation, il m’a demandé :

- « Guillemette, vous êtes-vous déjà entendu parler dans un magnétophone ? »

Je lui ai avoué que non, en lui disant ma hantise de ne jamais être enregistrée à mon insu.

Alors il m’a dit quelque chose de très intéressant, et que j’ignorais jusqu’ici.

Il m’a expliqué que nous n’entendons pas du tout notre propre voix comme les autres l’entendent en réalité.

Lorsque nous parlons, disait-il, notre voix émise dans les cordes vocales et la bouche, est transmise à nos oreilles par la voie osseuse, à travers notre tête.

Alors que pour ceux qui nous écoutent, ils la reçoivent par la voie aérienne, par l’intermédiaire de l’air.

De ce fait, notre propre voix nous paraît à nous plus grave, moins harmonieuse, que celle que nos interlocuteurs entendent.

Par contre, a-t-il poursuivi, si nous l’enregistrons avec un bon appareil, et que nous nous écoutons à travers les hauts parleurs, nous l’entendons exactement comme les autres la perçoivent.

« Vous devriez essayer une fois ! », me suggéra-t-il, sans insister vraiment, comme ils savent si bien le faire.

« »

Sur le moment, je n’avais pas bien compris son explication.

Mais, en y réfléchissant depuis, je me suis dit que c’était peut-être une expérience à tenter.

Alors, je me suis procuré le matériel nécessaire, et je viens de m’installer, confortablement assise devant une table.

Et pour la première fois de ma vie, je parle devant un micro.

Une petite lumière verte clignote, m’indiquant que l’appareil est bien en train de m’enregistrer.

« »

Mon cœur bat très fort, car il me faut beaucoup de courage pour me soumettre à cette épreuve. Cela ne se sent pas probablement dans ma voix, mais moi, je le ressens très fort en moi.

J’espère que je vais pouvoir tenir jusqu’au bout du temps imparti.

« »

Jusqu’ici, je n’avais jamais accepté d’être enregistrée ou filmée pendant que je parlais, dans une réunion de famille par exemple.

Je ne voulais surtout pas me réécouter ensuite.

J’avais trop honte.

Mais, cette fois-ci, sans aucun témoin, je vais aller jusqu’au bout.

Je veux m’entendre parler comme les autres m’entendent en réalité.

Voilà ce que je voulais dire pour commencer.

Maintenant, je dois continuer, en abordant mon sujet d’une façon encore plus directe.

« »

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La suite est pour bientôt... 

(Extrait de MA VOIX INHUMAINE texte expérimental pour voix synthétique, lu par "Guillemette Kali")      

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